• Un peu nature

    Un peu nature

    De façon intempestive, j’avais pris la place de Wendy, il faut dire qu’avec ses leds aux oreilles, et sa parure de dents de piranha, elle manquait de class.

    La succursale a décidé de monter à Paris pour la foire technologique.

    Une enceinte au cœur de la mégapole, qui était entièrement recouverte de plaques de tôles rouillées.

    Parait-il dans le passé c’était des lames de verre translucides qui laissaient voir le ciel, le soleil, et passer la neige.

    La neige, ma grand-mère m’en avait parlé, elle tenait cela de sa mère qui avait touché la neige, à pleine main. Froid et mouillé, j’ai du mal à m’imaginer.

    Le ciel, déjà loin de paris, on le voit à peine, ou bien un halo au dessus clair ou foncé avec parfois une lueur persistante qu’on appel le soleil.

    De toute façon, on s’en passe.

    La mégapole Paris, j’en avais envie, je suis ravie d’y partir.

    La « Boite » expose un komplex de balnéothérapie individuel à incorporer au circuit de recyclage d’eau familial.

    L’espace des appartements étant restreint dans les mégapoles, l’utilisation de l’eau, sous forme liquide s’effectue dans des lieux communs et sous surveillance de la mairie.

    Ce que propose la Boite, c’est tout autre.

    Sur le circuit de recyclage d’eau, l’eau dite pure sert toujours à l’alimentation humaine, l’eau dite sans minéraux ou eau sèche, sert sous forme de vapo pour les corps et cheveux, et l’eau de troisième catégorie, l’eau verte, pour le ménager, le petit linge en fait.

    Le komplex s’installe en complément du Vapo.

    Le Vapo, vaporise l’eau sans minéraux, à la température, aux arômes, aux cires protectrices ou hydratantes de votre choix. Et séché aussitôt.

    Ce komplex reconditionne l’eau sèche, en un liquide qui à l’apparence, la sensation de l’eau de nos aïeuls et cette eau circule dans un hamac fermé pour recréer l’esprit du bain.

    Ainsi l’apaisement originel de l’eau peut faire tout son effet sur le corps et le mental.

    Paris.

    Le boss et ses deux assistants de la mégapole, me parle, me parle, ils ont rarement vue une fille aussi nature que moi.

    Pourtant je me crois originale, j’ai toujours un livre à la main, et je lis souvent tout haut des passages, aux gens qui marchent la tête basse.

    Beaucoup ne savent plus lire, les voyelles et les consonnes étant démodées, ce sont les chiffres alignés par cinquante qui donnent les indications nécessaires à tous les instants de la vie.

    Et en permanence la musique est diffusée, absolument partout.

    Pour lire, j’utilise un étouffeur de sons que je pose sur mon épaule. Ainsi j’entends avec délice le son de ma voix, ainsi que ceux qui veulent m’écouter.

    Après une longue journée dans la boutique, un petit creux plus-tard, je me risque à prendre le couloir de droite, et aller flâner, enfin voir ce qu’il y a autour.

    J’ai pas suivi les recommandations du Boss et ses assis’s, mais bon, tant qu’il fait jour, je me retrouverais bien.

    C’est un hall commercial, avec des box et des boutiques, le devant est étroit, et il faut décliner son identité (le multi-pass) pour accéder au cœur de la boutique.

    Lumière douce, musique douce, embrun toniques ou apaisant, voir stimulant. Des conseillères proposent les produits modes dernier cri. Les présentations se font en situation.

    Arrière plan « marcher dans la rue » ou bien « monter les escaliers) le must « assis au restaurant avec le DJ prem’s) mon préféré.

    Je ressors, bluffée, rosie, ravie, j’enclenche l’étouffeur de sons et me mets à réciter tout haut une vielle suite de mots qu’on appelle chanson niaise.

    Je sautille dans les allées, et mes chausses s’allument à chaque pas, je suis aux anges.

    Je me suis éloigné un peu trop, et ne sais plus trop où aller.

    Je fais le choix de suivre un groupe de trentenaire. Ils prennent une allée étroite, que j’ai bien failli ne pas voir.

    Des gens bien apprêtés femmes et hommes, avec des petits animaux dans les bras ou des légumes.

    La musique d’ambiance me semble plus forte, et l’éclairage plus blême.

    Un bar à bière propose aux personnes attablées sur le seuil, des tapas carnés ou végétariens pour trois fois rien.

    Je prendrais bien une bière au citron et sans alcool. « Elles sont toutes sans alcool miss, végé ou carné, vos tapas ?

    C’est quoi la différence ?

    - végé on connait la provenance de la composition et carné c’est acheté tel que, on ne connait pas la composition.

    - je me risque au carné, et je lui tends mon multi-pass.

    J’écoute discrètement la conversation des deux femmes proches et décide de les suivre.

    Elles entreront dans une B0x vidéo-taps. Quoique cela me plairait surement mais j’ai trop de choses à voir et je continue.

    Un temps assez long, une à deux heures environ, à flâner.

    J’arrive à une intersection, le hall commercial semble se finir et c’est le début d’un quartier.

    Déjà les trottoirs sont si hauts et la route est en contrebas, qu’il est difficile de les franchir. D’ailleurs des véhicules en accordéons circulent trop vite, pour qu’on puisse franchir cet obstacle.

    Les phares des camions de marchandises, et des autobus articulés chargés de voyageurs, m’éblouissent, je cherche un autre passage pour retourner dans le hall commercial.

    Une allée avec une odeur connue, le poisson et la friture, me semble engageante. En effet, il y a beaucoup de B0x, ou de la nourriture, est proposée, soit dans des sacs bruns à emporter, ou bien dans des bols en pate de riz que l’on peut consommer après.

    Les boissons sont dans des tubes translucides colorés, y-a pas de surprise !

    Chaque B0x est occupé par une ethnie différente et parlent tous différemment.

    Ma langue utilisée pour le commerce, est à peine reconnue ici. Je sors mon livre, et les gens se rapprochent de moi, étonnés et effrayés.

    Ils observent mon étouffeur de sons, et je me rends compte qu’aucun d’entre eux n’en possède. Ces gens vivent dans une qualité inférieure.

    C'est-à-dire, les éléments nécessaires à maintenir la vie sont les même pour tous les humains, mais la qualité est différentes selon un ratio – reproductif/économique.

    En fait les personnes jeunes bénéficient d’une qualité de vie supérieure, et un don de leur activité plus élevé.

    Assurant ainsi un véritable foyer pour une descendance. Un espace de vie pour un jeune est de 9 M2, pour un vieux, il est de 6 M2 voir moins, et selon ce qu’il peut donner comme activité en retour.

    Dans cet endroit, la B0x doit comprendre 4 à 5 vieilles personnes, et l’activité : nourriture ou service, est demandé.

    Comme ils semblent intrigués par mon livre, je leur lis des pages, même s’ils ne comprennent pas tous les mots,

    la « musique » que dégage ma voix les transporte. Le temps s’écoule, deux personnes aux yeux bridés, comme les miens s’endorment à même le sol.

    Je ne vois plus le ciel, ou plutôt ce qui reste de la verrière posée il y a plus de 100 ans, seules des bouts de tôles déchiquetées sculptent le ciel noir.

    Après une soupe : pois chiches, graines de courges, fleurs de capucine, servie avec un fumé de haddock, bien consistante et agréable, je reprends mon chemin.

    Oui mais lequel.

    Des sons flamencos me parviennent, je m’engage dans une ruelle très éclairée.

    Une camionnette sanitaire en plein milieu du chemin

    m’oblige à passer près d’une B0x occupée par un groupe

    d’hommes jeunes, j’aime pas trop ça, lorsque brusquement des cris, des injures et un corps d’homme nu est jeté sur le sol.

    Une chemise bleue est restée accrochée à un bras, ce qui ne masquait pas sa nudité.

    Seule une personne s’était levée, les autres blasés devaient être coutumiers de ce genre de scène.

    L’homme jonchait sur le ventre, jeune, musclé, les mollets surtout, il devait beaucoup marcher, les pieds n’étaient pas abimés, ni ses mains, il ne portait pas de blessures, donc l’activité qu’il pratiquait était non violente.

    Que faisait-il là, et pourquoi il n’était pas secouru.

    Je me rendis compte qu’un liquide visqueux verdâtre et lumineux sortait de son anus, et se rependait sur le sol.

    Ce qui alerta la camionnette de nettoyage d’ailleurs,

    l’appareil motorisé s’approcha du corps, le repoussa, et une brosse se mit à nettoyer le sol.

    Ensuite seulement une trappe s’ouvra et le corps fut aspiré.

    Mais il est vivant, il doit être secouru protestais-je !

    Un bon samaritain m’informa, le man est dans un coma contrôlé, provoqué par une injection annale d’une substance mal définie qu’on appelle « drugg » le samaritain me rappelle que lorsqu’on achète ce service, on prévoit aussi le retour au domicile, ce qui à un coût.

    Le resquilleur se retrouvera avec les autres resquilleurs de la journée dans une fourrière.

    Mais c’est moche !

    Mais pas tant que ça, puisqu’ils reviennent non ! ce mam est connu ici.

    Bon sang, je connaissais le tord Boileaux, illégal car frelaté qu’on achète à la périphérie des quartiers, les sous sol dit parkings sont en fait des box minuscules où tous sorte de trafics se font, mais ce man et sa mixture je ne me doutais pas.

    Quoique, cependant ma grand-mère, une infirmière trop âgée pour être en activité, était appelé souvent la nuit par l’entourage d’un consommateur de ce tord-Boileaux.

    Des bonbonnes de ce breuvage étaient installées avec deux ou quatre tuyau plastique. Ceux-ci descendait directement dans la gorge de la femme ou de l’homme, pour ne pas bruler les cordes vocales, sinon tous le monde aurait reconnu le buveur de tord Boileaux.

    Le breuvage descendait dans l’estomac, et avant de détruire les parois amenait l’extase.

    C’est, le, après qui est plus moche, sang, qui s’échappe par où il peut, et lorsque ma grand-mère était appelé, auprès de ces gens, c’était pour leurs fermer les yeux après la dernière cure, plus serrée, dont personne ne se relève.

    Trois ans de survie avec le tord-Boileaux, et pour le vert fluo ?

    Une dizaine d’année m’informa le samaritain !

    Et on peut avoir une activité avec cela ?

    Ouais bien sûr, mais vaut-mieux se reproduire avant ! C’est plus sûr pour l’avenir !

    L’avenir du man ?

    Celui de l’enfant du man !

    Oui enfin, je veux retourner d’où je viens.

    Je me sens si mal ici.

    Je ressens une certaine nausée. Je marche vite en cherchant à me soustraire à ce mal-être qui me summerge.

    Je me retrouve à une autre intersection routière, moins bruyante, car il y a moins de trafic, et je sens un souffle frais.

    Il fait nuit, il y a du vent, cela me fait penser à chez moi, mon domicile si accueillant, j’ai 12m2, tout confort, mais pas encore le komplex.

    Il me sera installé à mon retour, si j’ai une bonne activité.

    Je longe le muret qui sert de trottoir, et j’aperçois au bas d’un immeuble vertical immense, des personnes et des vélos, voitures d’enfants, des habitations.

    Près des habitations il y a des transports urbains, je choisi de franchir le muret, puis la voie rapide, puis un muret et l’autre voie rapide, et j’arrive au pied des immeubles.

    Ce sont des enfants, des plus grands, qui poussent des plus petits dans des « poussettes », d’autres enfants qui poussent des marchandises abimées et sales. De nombreux enfants, la peau blême, le cheveu clair-blême, ce sont des sans couleur.

    Bon sang j’en avais entendu parler, des enfants sans couleurs, et il est dit qu’ils ne deviennent jamais adultes, ils meurent avant, enfin c’est qu’on entend.

    Mais devant moi, il y a plusieurs âges, donc des générations différentes.

    Ils sont contents de me voir, je marche vers eux, et leurs yeux sont si pâles, qu’ils semblent ne pas voir.

    Je tends mon livre vers eux, leurs têtes suivent mon geste, un sourire ouvre leurs lèvres, la bouche est rouge, mince ils ont le scorbut, ils sont malades, ce sont des enfants exsangues que j’ai face à moi et livrer à eux même.

    Je leur cède tout ce que j’ai, sauf mon multi-pass, et je fuis, j’ai honte, mais je fuis.

    Au loin j’aperçois beaucoup de lumière en hauteur, un quai, un quai donc une gare.

    D’ailleurs des personnes courent dans cette direction, je cours avec eux, j’aperçois un groupe de fille, avec de grand sac de sport qui parlent et rigolent.

    Cela je connais, cela me rassure.

    Le quai en surface, au centre et deux rails de chaque coté, bien.

    Les panneaux d’affichage annoncent un trall toutes les 2 minutes, il y a 8 directions, deux en surface, ok, les autres en sous sol.

    Seul des ascenseurs y accèdent, pas d’escalier, ok, la carte multi-pass est nécessaire ok.

    Des garçons viennent par là et je ne me sens pas en sécurité, un premier trall arrive à quai, 50 seconde d’arrêt, je glisse mon multi-pass, une porte s’ouvre, mais le sas comprend déjà trois personnes, une vielle dame aux cheveux jaunes et deux enfants, la porte se referme, le trall repart je reste sur le quai.

    Dans l’autre sens un trall arrive, je ne sais pas où il va, le groupe de fille s’avance, je les imite, leurs doigts indiques une lumière verte, bleu, orange, au dessus des portières, deux d’entre elle, ouvrent et montent dans un sas, les lumières vertes deviennent bleue, j’ai compris, je me colle à une fille restante et je la suis dans le sas.

    Enfin je vais me dégager de cet endroit.

    Le trall repart, le sas dans lequel je suis, donne accès à une plate-forme, il faut un pass, j’entre, il y a des B0x, nourriture, vidéo, zen-massage-vertical, un vrai lieu de vie.

    J’ai eu une frousse pour rien, les gens se hâte, non pas qu’ils ont peur de ce qui les entoure, mais pour passer plus de temps dans ce genre d’endroit.

    Ce devait être pareil pour le hall commercial en fait.

    Mais comment y retourner ?

    Lorsque j’ai inséré mon multi-pass, la machine vocale me demande si je veux me rendre à mon domicile provisoire.

    L’écran intuitif me propose deux réponses, oui je rentre à mon domicile, les coordonnées du parcours s’affichent et la « mémoire » de mon multi-pass me guidera.

    J’ai laissé mon livre et mon étouffeur de sons aux enfants rencontrés, je ne les oublierais pas.

    Demain je retournerai chez le Boss, et je flânerai à nouveau autour du hall commercial. Paris s’est ouvert à moi.


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